La charte des Tiers lieux agricoles à vocation sociale est une initiative destinée à proposer une ligne d’identification aux acteurs développant ces actions. Elle est ouverte, collaborative et évolutive.

Les missions de ces tiers lieux sont de lutter contre l’exclusion par l’insertion professionnelle en s’appuyant sur plusieurs supports-métier liés à l’agriculture biologique en circuits-courts, la transformation et la vente de produits bio et locaux, la sensibilisation à l’environnement et l’animation de la vie rurale. Ils désirent contribuer au développement d’une économie de la coopération.

La dynamique impulsée dans ces tiers-lieux s’appuie sur les valeurs suivantes :

  • L’émancipation des personnes et la dynamique collective : qui doit aller dans le sens du renforcement des capacités des personnes et le développement d’une identité collective et territoriale
  • La transmission : via le développement de savoirs et de savoir-faire favorisant l’accès de tous à une alimentation saine et nourricière
  • La convivialité, la participation, la mixité, l’accessibilité et la solidarité

Concrètement, la mission que se donnent ces actions collectives se traduisent par la création et l’animation :

  • de lieux de vie ruraux ayant pour objectif l’animation de notre territoire et la mise en relation des personnes à travers différentes activités : agriculture biologique et paysanne, cafés associatifs, petite restauration, boutiques de produits locaux, activités de transformation, animations socio-culturelle et touristique.
  • agricoles, nourriciers, qui vont dans le sens d’un avenir alimentaire souhaité (durable, de qualité, favorable à la santé, inclusif, socialement acceptable et hédoniste) et qui permet aux citoyens d’accéder à une alimentation de qualité dans la dignité (tout en étant autonome, responsable et capable) et dans la reconnexion entre celle-ci et l’agriculture.
  • à vocation sociale, par le biais de l’accompagnement des personnes en parcours d’insertion, des activités proposées, des liens sociaux renforcés, des socles de solidarité créés et des partages d’expérience autour des thématiques de l’alimentation durables et de la démocratie alimentaire, notre visée est que la transformation de l’économie locale se fasse pour, avec et à partir des plus fragiles.

Ces lieux de vie s’organisent en maillage de territoire, coopèrent et accompagnent de façon structurante des dynamiques de transition écologique et sociale portées par une action collective et citoyenne.

 

Les grands principes

L’action se structure à travers 6 axes identifiés (agricole, alimentaire, formation, culture, insertion et innovation).

Axe agricole

  • Cultiver selon les principes de l’agriculture biologique dans le respect du cahier des charges européen, une agriculture sans produits chimiques de synthèse ni OGM garantissant le respect du bien-être animal. Mettre en place des systèmes de production garantissant la reconnaissance réelle du travailleur agricole et les conditions saines et durable de son travail quotidien.
  • Intégrer les réseaux agricoles locaux et contribuer à la reterritorialisation de la filière, dans une logique de coopération et de complémentarité avec les acteurs de la filière: faire ensemble, mutualiser, créer des liens de confiance au sein d’organisations réflexives.
  • Favoriser une approche systémique territoriale pour la construction de systèmes agricoles cohérents favorisant la fertilité durable des sols et l’aggradation de l’environnement, des intrants à la consommation.
  • Trouver des solutions pour la massification des circuits courts : construction d’un réseau de producteurs bios dans un rayon de 100 km engagés dans la structuration d’un réseau décentralisé s’inspirant des logiques d’archipel, et s’appuyant sur des consommateurs engagés et un système de commercialisation viable (paniers, boutique de producteurs, logistique…).

Axe alimentaire

  • Nous appuyer sur une compréhension de la fonction de l’alimentation qui n’est pas seulement biologique (remplir les ventres), mais également sociale, identitaire et hédonique : se nourrir, se réunir, se reconnaître et se réjouir.
  • Favoriser l’accès digne, de tous, à une alimentation saine, conviviale et goûteuse : développement des paniers solidaires, politique tarifaire adaptée, activités de transmission des savoir-faire de base vivriers et culinaires, animation d’un maillage de tiers-lieux nourriciers
  • Créer des liens animés entre l’urbain et le rural qui permettent de croiser les enjeux des territoires et une vive coopération.

Axe sensibilisation et formation

  • Partager de façon concrète et accessible nos missions.
  • Faire vivre une communauté apprenante pour, avec et à partir de tous les habitants d’un territoire, y compris les plus fragiles : dépasser les postures de « sachants », s’appuyer sur les ressources et les ingéniosités en présence.
  • Promouvoir un transfert de savoir-faire en cuisine nourricière et bien vivre alimentaire très concret, afin que chacun puisse retrouver les moyens de cultiver la terre et de cuisiner les produits bruts, premières étapes de la reconquête de nouveaux horizons dans le domaine de l’alimentation
  • Favoriser la mise à disposition de communs (locaux, équipements, logistique) et les mises en communs (démarches collectives) allant dans le sens de l’alimentation durable et de la démocratie alimentaire
  • Créer les espaces d’expression critique permettant de s’informer, de comprendre, de mettre en mots, de prendre de la hauteur, de confronter les points de vue sur l’ensemble des problématiques et enjeux liés à la co-construction de systèmes alimentaires durables et solidaires.

 

Axe culture, patrimoine et tourisme

  • Envisager la valorisation touristique des patrimoines culturels comme un moyen, et non une finalité. La transmission est une des fonctions naturelles des tiers-lieux ; la culture, le patrimoine et le tourisme sont un des moyens de transmettre.
  • Permettre l’affirmation de la légitimité de tous sur un même territoire par un accueil convivial, attentif et actif, permettant le partage et l’échange. Ce faisant, elle permet aux visiteurs d’un jour et aux habitants de toujours, aux salariés, aux bénévoles, etc. de (se) rencontrer, (se) découvrir, de grandir… de faire lien. Cette rencontre s’appuie sur une offre de proximité et doit être assuré tout au long de l’année.
  • Envisager cet axe « pour, avec et à partir des plus fragiles ». Cela nécessite de tenir compte du double statut des salariés en parcours d’insertion sur les tiers-lieux. Ils sont à la fois employés et usagers.
  • Rester dans une logique de coopération et de complémentarité avec les acteurs locaux. Cela s’articule autour de la recherche de l’intérêt général de notre territoire immédiat, à travers des actions menées en direction des habitants, de la protection de l’environnement et de la valorisation des patrimoines.
  • Rester en lien avec le bien vivre alimentaire et la démocratie alimentaire. A savoir, qui va dans le sens d’un avenir alimentaire souhaité (durable, de qualité, favorable à la santé et résolument inclusif), sur lequel les citoyens doivent avoir la main.

Axe insertion et création d’emplois

  • Inscrire l’ensemble de nos activités dans une démarche d’inclusion des populations les plus éloignées de l’emploi : lutter contre les exclusions et la précarité en mobilisant les conditions d’un retour à l’emploi durable, chez des femmes et des hommes en difficultés sociales et professionnelles, dans le cadre d’une activité de travail valorisante, support d’insertion.
  • Accompagner la création d’emplois et la professionnalisation autour des métiers de l’agriculture et de l’alimentation durable et solidaire : à travers les parcours en insertion, faire découvrir la diversité des métiers de l’alimentation durable (production, logistique, transformation, animation, etc.), accompagner les personnes souhaitant développer un projet professionnel dans ce domaine et incuber des microprojets agro-écologiques ou sociaux pour les personnes éloignées de l’emploi classique.
  • Accompagner la création d’emplois à Haute Valeur Environnementale et Sociale mixant une part d’autofinancement par leur activité et une part de production de valeurs immatérielles au bénéfice du territoire, financée de manière pérenne par les pouvoirs publics.

Axe innovation

  • Œuvrer à la mise en place d’un écosystème coopératif territorialisé qui soit le ferment fort d’un changement systémique du territoire sur ses enjeux écologiques et sociaux (passer d’une économie qui produit de façon structurelle de l’exclusion à une économie de la coopération, inclusive).
  • Développer de nouvelles cultures professionnelles par l’animation d’espaces réflexifs faisant se rencontrer, et échanger les acteurs sociaux et écologiques du territoire via des « groupes de pairs » questionnant les réussites et difficultés de leur quotidien.
  • A travers ces espaces réflexifs, faire évoluer les modes d’organisation du travail pour toujours plus favoriser la juste reconnaissance des personnes dans leur investissement quotidien
  • Explorer et innover dans les pratiques agro-écologiques avec l’expérimentation de nouvelles pratiques culturales, l’exploration variétales, la diversification des activités, la relocalisation des cultures.

La charte des tiers lieux agricoles à vocation sociale © 2023 
par Les Jardins de la voie romaine est soumise à la licence Creative Commons CC BY-SA 4.0 

 

 

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